La naissance d’une légende : l'impact de Ferdinand Piëch et de la Bugatti Veyron sur l'industrie automobile

L’ampleur de son héritage allait, cependant, s’étendre encore davantage. En 1997, lors d’un voyage à bord d’un train Shinkansen allant de Tokyo à Nagoya, Ferdinand K. Piëch a esquissé, sur le dos d’une enveloppe, une idée qui allait bouleverser le monde de l’automobile. En effet, au cours d’une conversation avec Karl-Heinz Neumann – alors Responsable du développement des groupes motopropulseurs chez Volkswagen AG – il a décrit un moteur à 18 cylindres ; puissant, révolutionnaire et unique en son genre. Ce concept a alors posé les bases du groupe motopropulseur qui allait plus tard évoluer vers le légendaire moteur W16 de Bugatti.

La volonté inébranlable de Ferdinand K. Piëch de repousser les frontières technologiques était au cœur de sa vision automobile. Il imaginait un véhicule capable de générer 1 000 PS et dépasser les 400 km/h, tout en conservant le raffinement et la praticité d’un grand tourisme de luxe – une idée qu’aucune architecture automobile existante ne pouvait soutenir, nécessitant ainsi une approche entièrement nouvelle de l’ingénierie.

À cette époque – aube des vacances de Pâques 1997 – Ferdinand K. Piëch cherchait également une marque automobile capable de réaliser son rêve audacieux. Bien que ses réflexions se soient d’abord tournées vers Bentley et Rolls-Royce, c’est l’insistance de son fils, Gregor, pour l’achat d’un modèle Bugatti Type 57 SC Atlantic, qui est apparue comme un signe du destin. Inspiré par sa passion pour la marque iconique, Ferdinand K. Piëch a alors désigné Bugatti – synonyme de performance et de luxe intemporel – comme le choix idéal. Ainsi, le 5 mai 1998, Volkswagen a obtenu les droits de la prestigieuse marque française, marquant les premiers pas vers la réalisation du moteur W16.

Une fois la marque acquise, Ferdinand K. Piëch a confié à Giorgetto Giugiaro – son ami et célèbre designer d’Italdesign – la mission de développer un concept fidèle à sa vision. Il en a résulté la Bugatti EB 118 ; un coupé deux portes dont le nom rend hommage au moteur 18 cylindres. À la surprise du monde automobile, le véhicule a ensuite été révélé au Salon de l’auto de Paris en septembre 1998 – quelques mois seulement après l’acquisition de la marque par Volkswagen.

Le potentiel d’un tel développement moteur a nourri l’imagination des pionniers à l’origine du projet – leur ambition dépassant largement le cadre de l’EB 118. Ainsi, en mars 1999, un deuxième modèle équipé d’un moteur 18 cylindres a été présenté au Salon de Genève : la berline de luxe EB 218. En septembre de la même année, cela a été au tour de l’EB 18/3 Chiron de faire son apparition au salon de l’IAA à Francfort – un nom unique que Bugatti a, dès lors, pu revendiquer comme le sien.

Avec chaque nouvelle étude audacieuse, l’ambition derrière le moteur 18 cylindres s’affinait. Elle a trouvé son expression la plus aboutie en octobre 1999, lorsque la EB 18/4 Veyron – préfiguration du modèle de production – a été révélée au monde à l’occasion du Salon de Tokyo. Contrairement aux concepts précédents, cette étude de design ne provenait pas de la main de Giorgetto Giugiaro, mais du jeune designer tchèque Jozef Kabaň, sous la direction d’un expert reconnu : Hartmut Warkuß.

L’apothéose de cette conception de design inédite allait bientôt être atteinte. En 2000, Ferdinand K. Piëch a annoncé que Bugatti construirait un modèle de série générant 1 001 PS, capable de dépasser les 400 km/h. Le véritable défi ne résidait pas dans la performance brute, mais bien dans la volonté de répondre à son objectif ultime : créer un véhicule capable d’atteindre les 400 km/h le matin, puis de s’élancer avec élégance vers l’opéra le soir venu – en somme, permettre à Bugatti de livrer l’extraordinaire, l’incomparable, l’absolu. Chaque véhicule devait être un bijou automobile. Incomparable et unique ; « C’est ça, Bugatti », a-t-il écrit un jour.

C’est en 2005 que sa vision est devenue réalité. Cette année emblématique, la Bugatti Veyron 16.4 a été dévoilée au monde et a établi de nouveaux standards en matière de performance, de vitesse et de luxe. Avec une vitesse de pointe de 407 km/h et une accélération de 0 à 100 km/h en 2,5 secondes, elle est devenue le véhicule de production le plus rapide au monde – symbole de l’engagement inébranlable de Bugatti envers l’excellence technologique.

Au-delà des chiffres, la Bugatti Veyron représentait bien plus qu’un exploit technique ; elle incarnait la quête inlassable de perfection de Ferdinand Karl Piëch. Sa détermination à réaliser l’impossible a durablement façonné le paysage des hypersportives et a posé les fondations de chaque chef-d’œuvre Bugatti qui a suivi.

Encore aujourd’hui, deux décennies plus tard – à l’occasion de l’anniversaire du Dr. Ferdinand K. Piëch – l’héritage de la Bugatti Veyron demeure inégalé. Elle a été, et reste, une révolution : l’acte fondateur du segment des hypersportives ainsi que l’incarnation parfaite de ce qui émerge lorsque l’ingénierie d’exception s’allie à une vision sans compromis. Porté par l’ambition de créer l’extraordinaire, Ferdinand K. Piëch a hissé Bugatti au sommet de l’ingénierie automobile, réaffirmant sa place historique comme référence absolue de la performance et du luxe.